Après des années passées à sublimer les musiques des artistes qu’il accompagne par son jeu de guitare et la douceur de sa Kora (Ba Cissoko, Mariama, Jain et Gabi Hartmann entre autres), Abdoulaye Kouyaté met son énergie créatrice dans un projet personnel qui rassemble ses compositions originales.
En plus du guitariste virtuose, on découvre qu’Abdoulaye Kouyaté est un orfèvre de mélodies et un chanteur au timbre feutré. Tantôt profonde et touchante, tantôt rythmée et dansante, sa musique métissée oscille entre ballades, instrumentaux à la kora et des morceaux aux sonorités afropop empruntant leur rythmique au coupé décalé, au zouk ou au yolé traditionnel de Guinée.
Abdoulaye confie la réalisation de l’album à Patrick Ruffino et s’accompagne de Yannick Vela à la basse et Nicolas Grupp à la batterie. L’album est enrichi par les précieuses contributions du joueur de flûte peule Dramane Dembele, de la chanteuse Gabi Hartmann, du bassiste Guy Nsangué, du saxophoniste Robbie Marshall, du violoncelliste Guillaume Latil, du djembefola Dartagnan Camara et des choeurs de la chanteuse Djene Kouyaté. Ce premier disque affiche une diversité étonnante.
Chantés en Soussou (la langue de la capitale guinéenne, Conakry) et en français, plusieurs titres s’inspirent de la jeunesse romanesque d’Abdoulaye dans le Conakry des années 1990-2000. Une époque où il se perfectionnait à la guitare en suivant à la trace les musiciens de son quartier, animait avec son groupe de folles soirées expatriés au Grand Hôtel Camayenne, et tombait amoureux pour la première fois (Inondi, Doumedira, On fait quoi ? et Nitanama notamment). À l’insouciance guinéenne succède la jungle de l’Europe, la vie d’adulte, les responsabilités, le froid, et les apprentissages difficiles. Ces leçons de vie inspirent notamment les morceaux Douniéma (le rancunier), Saré (tout à un prix) ou Inamakana (si tu ne peux pas aider ton prochain, ne l’enfonce pas). Le morceau Fefanyi (le bienfaiteur) qui donne le titre de l’album reprend la tradition des griots, dont les Kouyaté sont issus, de « chanter les louanges » des grands Hommes, des généreux bienfaiteurs.