En opérant un nouveau rapprochement du chaâbi avec le jazz, Azawan (le terme signifie « musique » en kabyle) vise à prolonger la démarche d’ouverture initiée par El Anka et, ce faisant, à participer au brassage des influences africaines et européennes qui ont nourri le chaâbi dès ses origines : celles de la culture arabo‑andalouse, de la culture juive, mais aussi de la culture berbère, dont la singularité et l’importance est trop souvent ignorée ou négligée.
C’est ainsi qu’Azawan fait dialoguer deux traditions musicales a priori étrangères mais qui partagent en réalité plus d’un point commun. La précision n’est pas sans importance : toutes les musiques revêtent certes une dimension universelle, mais leur mise en contact n’engendre pas obligatoirement des résultats heureux. Elle débouche parfois sur deux soliloques. Tel n’est pas le cas de la rencontre entre jazz et chaâbi. Comme l’avait justement pressenti El Anka, elle peut s’avérer féconde, et donner lieu à un véritable échange.